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A l’heure où l’Europe cherche à restreindre l’accès de son territoire aux réfugiés, un soutien renforcé aux pays limitrophes de la Syrie paraît indispensable. Ce soutien doit répondre aux besoins vitaux des personnes fuyant le conflit tout en favorisant la cohésion entre population hôte et population réfugiée.
Avec 1,8 million[1] de réfugiés provenant de Syrie, le Liban est aujourd’hui le pays comptant la plus grande part de réfugiés au sein de sa population (30%). L'afflux massif des réfugiés entraîne une pression sans précédent sur les services publics tels que la santé et l’éducation, l’électricité, l’accès à l’eau et le traitement des déchets. Bien que le pays ait maintenu ses frontières ouvertes, la durée du conflit met à mal la résilience de la société libanaise et la capacité de l’Etat à apporter une réponse adaptée.
Un contexte institutionnel peu favorable rendant l’identification des besoins complexe
Répondre à la situation est d'autant plus complexe que l'habitat des réfugiés est extrêmement disparate. Il se répartit en trois grandes catégories : les camps informels, les abris collectifs et individuels, les appartements.
On estime à 20 % le nombre de réfugiés vivant dans des camps informels, principalement répartis dans les gouvernorats de la Bekaa et du Nord Liban, sur des terres agricoles privées. Avant la crise, de nombreux travailleurs agricoles syriens résidaient déjà au Liban, logés dans des abris et des tentes sur les parcelles agricoles. Avec le début du conflit, ils ont été rejoints par leur famille et des membres de leur communauté villageoise.
L’ONG Solidarités International développe des projets visant à assurer un accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène pour ces populations. Elle construit et réhabilite des latrines, des douches et des systèmes d’approvisionnement en eau. L’absence de reconnaissance de ces camps par l’Etat libanais contraint l’ONG à mettre en place des installations provisoires. Bien souvent, la distribution d’eau est assurée à partir de réservoirs alimentés par des camions citernes. Outre le coût d’un tel approvisionnement, la question du contrôle de la qualité de l’eau se pose.
Ces contraintes impactent aussi la construction et le fonctionnement des latrines. Temporaires, ces dernières ne peuvent être reliées à des fosses septiques, et doivent être vidangées une fois par semaine.
Du fait du caractère informel des camps, les ONG interagissent peu avec les institutions libanaises. Ainsi, l'installation d'infrastructures dépend généralement de l’accord du propriétaire du terrain qui peut être obtenu moyennant l’installation d’un forage qui pourra, après le départ des réfugiés, servir à des fins agricoles.
Les abris individuels et collectifs (logements inachevés, anciens magasins, garages, caves, containers, anciennes usines, etc.) constituent le second ensemble dans lequel vivent les réfugiés. Ces habitats disparates présentent un nouveau défi pour les ONG qui consacrent une partie de leurs efforts à les identifier. L’ONG Care a mis en place des programmes d’amélioration de la qualité de l’habitat comportant un volet sur l’eau et l’assainissement. En accord avec les propriétaires, les logements identifiés sont reliés à des points d’eau potable, des douches et des latrines sont construites ou réhabilitées.
Avec l’inscription de la crise syrienne dans la durée la situation des réfugiés de détériore. De nombreuses études attestent d’une paupérisation croissante des réfugiés. Alors qu’ils sont 80 % à payer un loyer, seul un faible nombre de réfugiés parvient à trouver un emploi. Dès lors, les économies sur lesquelles ils étaient parvenus à vivre, jusqu’à présent, diminuent.
Une transition d’une aide d’urgence vers une aide au développement
Cinq ans après le début du conflit syrien, aucune sortie de crise à court terme ne semble se dégager. Les ONG passent donc progressivement d’une aide d’urgence à une aide au développement portant sur le renforcement des capacités des acteurs et sur l'accroissement et la réhabilitation des infrastructures en eau.
Dans cette optique, l’ONG italienne GVC a initié un programme de renforcement des capacités de l’Etablissement Régional des Eaux (ERE) de la Bekaa. Créés en 2000, les ERE sont en charge de la gestion de l’eau, de l’assainissement et de l’irrigation. Ces établissements souffrent d’un important déficit de légitimité se traduisant par de nombreux branchements illégaux ainsi que par un faible taux de recouvrement des factures (30% pour l’ERE de la Bekaa). Parallèlement à des travaux d’extension et de rénovation des infrastructures, des campagnes de sensibilisation ont été menées par l’ONG auprès des usagers afin de briser ce cercle vicieux.
La transition d’une aide d’urgence vers une aide au développement conduit les ONG à tisser de nouveaux partenariats avec les institutions libanaises. Nous l’avons vu, la réponse aux besoins des réfugiés passe par une amélioration des infrastructures nationales. A cet égard, bien que soulevant des défis importants, la crise syrienne peut également être perçue comme une opportunité pour améliorer un secteur qui connaissait avant la crise de grandes difficultés.
[1] Source : UNHCR, décembre 2015