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Les besoins d’investissement dans le secteur de l’eau sont considérables dans la région méditerranéenne. La demande en eau - tirée par l’urbanisation, le développement touristique, l’agriculture irriguée ou l’industrialisation - croît rapidement. Et le secteur de l’eau doit aussi être capable de répondre immédiatement aux nombreuses crises naturelles et humaines qui peuvent survenir : sécheresses et inondations, conflits armés, flux de réfugiés.
En outre les effets du changement climatique risquent de prendre une importance croissante. D’après le rapport « Turn Down the Heat » de la Banque mondiale, les ressources en eau dans la région du Moyen Orient et du Nord Afrique (MENA) pourraient baisser de 15 à 45% selon les lieux et les scenarii. Des efforts importants en matière de gestion de la demande, de traitement et de réutilisation des eaux usées, de désalinisation, de concertation et de sensibilisation des citoyens seront alors nécessaires.
La Banque mondiale accorde une grande importance à la question de l’eau comme à celle de l’emploi. Dans sa nouvelle stratégie pour la région, la sécurité d’approvisionnement en eau est une question centrale et comporte plusieurs priorités : gestion de l’eau en milieu urbain, performance de l’eau agricole, amélioration de l’interface eau-énergie, engagement des citoyens et coopération sur les eaux transfrontalières.
Ces chantiers nécessiteront des ressources humaines nouvelles. En France par exemple, le secteur de l’eau représente 174 000 emplois directs pour un chiffre d’affaire annuel de 30 milliards d’euros. Dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, on peut sans doute compter sur des centaines de milliers d’emplois avec, notons-le, beaucoup de métiers nouveaux qui devront permettre d’appréhender des situations complexes.
Trois jeunes ingénieurs en formation complémentaires de Mastère Spécialisé en Gestion de l’Eau, à AgroParisTech Montpellier, France, nous parlent de la question de l’emploi dans le secteur de l’eau dans leurs pays respectifs.
Fatima Z. Ben Haddouche (Maroc)
« L’Afrique : un vrai potentiel d’emplois qualifiés dans le domaine de l’eau »
L’avenir de l’Afrique est extrêmement prometteur. Le continent souffre pourtant d’un manque criant d’infrastructures de base, notamment en matière d’eau. C’est un défi majeur (demande croissante, changements climatiques, stockages inappropriés, coopération transfrontalière) qui représente un vrai potentiel de création d’emplois. Pour réussir les projets il faut des profils hautement qualifiés. Après avoir obtenu mon diplôme d’ingénieure hydraulique de l’Ecole Hassania des Travaux Publics au Maroc (2010), j’ai travaillé dans une entreprise de travaux, puis dans un bureau d’études, ce qui m’a amené au constat suivant : c’est de la qualité des phases amont que découle la durabilité des ouvrages. Ceci place donc l’ingénieur conseil au centre du processus de la réalisation d’un projet. D’où ma passion pour ce métier. J’ai intégré le mastère spécialisé car je crois qu’il nous faut maîtriser les aspects de gestion de l’eau selon une approche globale, pluridisciplinaire et multi-échelles. L’Afrique est en train d’adopter de nouveaux modèles de gestion de l’eau mais il est indispensable de renforcer les compétences des jeunes professionnels de l’eau par des formations efficaces.
Fares Aouichat (Algérie)
« En Algérie, un potentiel insuffisamment exploré dans le traitement des eaux »
Diplômé de l’Ecole Nationale Polytechnique d’Alger en Génie des Procédés Environnementaux, je me suis vite orienté vers les métiers de l’eau. Mon projet de fin d’étude portait sur le traitement des lixiviats provenant de déchets ménagers par un bioréacteur à membrane, projet très intéressant mais resté au stade expérimental. C’est dommage car les recherches universitaires pourraient être mieux valorisées. La gestion centralisée de l’eau en Algérie est davantage orientée vers une politique de l’offre de nouvelles ressources (barrages, dessalement, transfert d’eau depuis le Sahara) plutôt que sur des considérations de traitement et de qualité de l’eau. Ainsi une majorité des usagers achètent de l’eau en bouteille. Ma prochaine mission chez SUEZ pour l'obtention du diplôme de Mastère Spécialisé en Gestion de l'Eau me permettra de développer une expertise dans l'amélioration du fonctionnement des systèmes d'assainissement des grandes métropoles.
Ayoub Atfaoui (Maroc)
« Les domaines de l’eau et de l’énergie sont de plus en plus imbriqués »
J’ai 25 ans et je suis marocain. Etant ingénieur en génie énergétique diplômé de la Faculté de Sciences et Techniques Mohammedia au Maroc, j’ai choisi de continuer mes études pour avoir une double formation dans les deux domaines étroitement liés que sont l’eau et l’énergie. Cette interdépendance est complexe et il faut avoir une vision globale dans le domaine de la gestion de l’eau, maîtriser les enjeux politiques de l’eau, analyser les choix techniques. J’apprécie le Mastère car il implique des intervenants du monde professionnel et de la recherche et nous permet de mener des travaux de groupe sur des projets concrets et d’actualité.
On le voit dans ces témoignages : les jeunes de la région MENA sont plus que jamais mobilisés. Ils sont passionnés. Ils sont aussi demandeurs de formation car ils savent combien la gestion de l’eau est un domaine complexe et transdisciplinaire. Gageons que le nouvel Objectif du Développement Durable n°6 « Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau » adopté par 193 Etats en septembre 2015 puisse être mis en œuvre dans la région pour l’échéance de 2030. Il faut s’y préparer et les partenaires au développement sont prêts à relever le défi.