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[Episode n° 4] : Développement, Migrations : quelles relations, quels enchainements?
Par Jacques OULD AOUDIA*
De quoi allons-nous parler ? De la migration internationale, des diasporas, du développement, des territoires d’origine des migrants, des pays d’accueil, .... et des liens que les migrants tissent chaque jour entre tous ces mots. Nous en parlerons en 8 épisodes. N’hésitez pas à réagir, critiquer, proposer, contester, approuver... Vous avez votre espace pour vous exprimer.
L’approche ici présentée est tirée de notre double expérience d’acteur du développement au sein d’une ONG de migrants, « Migrations & Développement » (M&D1) d’une part, de nos recherches comme économiste du développement d’autre part. Elle est basée sur les hypothèses suivantes :
Le développement est fondamentalement une affaire endogène : Nous ne partageons pas l’approche standard selon laquelle le sous-développement serait lié à une série de ‘manques’ qu’il suffirait de combler par des apports extérieurs (en financements, en connaissances). L’histoire des doctrines de développement pensées au Nord et déployées sur les Sud depuis 60 ans a identifié une succession de ‘manques’ dont souffriraient les pays du Sud, manques qui s’évaluent par rapport à la norme implicite que constituent les pays développés. Après le manque d’épargne des années 60’-70’, on a connu le manque d’équilibre macro-économique (80’), le manque d’ouverture et de liberté des marchés (90’), de ‘bonne gouvernance’, de capacités, de droits (00’-10’)… C’est à partir d’une analyse par les ‘manques’ que les politiques de développement ont été élaborées au Nord et appliquées au Sud, soutenues par des milliers de milliards de dollars avec le faible impact que l’on sait.
L’histoire des 60 dernières années, et tout particulièrement celle des décollages réussis en Asie de l’Est, montre bien que ce n’est pas par la réponse à des ‘manques’ que se sont opérés l’émergence de ces sociétés, mais par l’élaboration endogène (souvent autoritaire) d’une vision stratégique partagée et mise en oeuvre à partir des potentiels des pays.
Ainsi, chaque société fixe ses priorités et forge elle-même ses outils de développement (ou de son non-développement), quitte à aller chercher ailleurs des solutions éprouvées. Mais cette démarche d’importation de solutions étrangères, pour s’inscrire dans un processus de développement, doit être elle-même endogène.
Le développement comme point de départ. Pas la migration. C’est en prenant comme point de départ les dynamiques de développement des sociétés dans toutes leurs dimensions, tant au Nord qu’au Sud, que l’on peut comprendre la migration et son rôle possible dans le développement. Autrement formulé, la migration ne peut être mise en amont de l’approche du développement, mais comme catalyse possible du développement.
On ne peut faire du migrant l’acteur qui va à lui seul amorcer le développement de son pays. Il n’y a d’ailleurs aucune raison que la proportion d’entrepreneurs soit plus élevée chez les migrants que dans d’autres populations.
Alors comment penser la relation entre développement et migrations ?
Les huit episodes de cette serie: